La faïence est un art du feu, comme la verrerie. Elle est de la sous-famille des céramiques, au même titre que la porcelaine ou le grès. Depuis que l’Homme maitrise le feu, il en a fait un art. Dit autrement, les premières traces de poterie remontent à plusieurs dizaines de milliers d’années (-25.000 ans avant notre ère).
La technique de cuisson dite « de faïence » tire ses origines du Moyen-Orient. Dès le IXe siècle, les Perses ont réalisé l’action de poser un émail à l’étain sur de la terre cuite. Cette technique n’avait que pour objectif de protéger la terre. Il n’y avait pas encore de décor.
Il faudra attendre le XVe siècle pour que le terme faïence fasse son apparition dans notre langage. Car tous les experts reconnaissent que l’art faïencier, tel que nous le connaissons aujourd’hui, est né en Italie, à Faenza, une petite ville située au pied des Apennins. C’est d’ailleurs de cette ville que le mot faïence tire ses origines.
Vous pouvez entrer dans les détails de l’histoire de la faïencerie avec l’article juste ici.
On se retrouve aujourd'hui à Nevers. Carole représente la 4ème génération de Faïencerie Georges. Son savoir-faire c'est son père qui lui a transmis. Une histoire de famille depuis 1926. Cette héritière de savoir-faire qui, au quotidien, fait vivre la faïencerie artisanale, nous a ouvert les portes de son atelier labellisé Entreprise du Patrimoine Vivant.
Le logo de Faïencerie Georges, un double petit nœud vert, est en réalité un clin d’œil à l’histoire de la ville. Il s’agissait du signe distinctif, de la patte, des artisans faïenciers de la ville. Georges l’a ajouté à son logo afin de mettre en avant le plus possible le savoir-faire de la ville (alors qu’il ne reste plus que 2 ateliers dans la ville) – en parallèle il s’agit aussi d’un jeu de mot : de Nevers / deux nœuds verts.
L’histoire de Faïencerie Georges démarre avec Émile Georges, un apprenti faïencier qui apprend le métier au côté de son maitre d’apprentissage Félicien Cottard.
Émile se révèle être un excellent ouvrier, ne négligeant aucune facette de la fabrication. Il veut tout comprendre et tout apprendre. Passionné par la faïence, Émile saute le pas en 1926 et se met alors à son compte en reprenant l’atelier de son patron.
Voici une petite sélection des moules de l'atelier. Et si nous vous disions que le père de Carole (ancien propriétaire de la 3ème génération) possède dans son grenier la totalité des moules qu'il a utilisé durant sa carrière (soit plusieurs centaines) ? Il se lance alors un défi : imposer son atelier comme l’une des références de la faïence, à Nevers et donc, dans le monde. Il le fera à 4 mains, avec sa femme.
Pari réussi : 80 ans plus tard, le savoir-faire est toujours là. Porté par la 4ème génération, représentée par Carole Georges et Jean-François Dumont, il est préservé. Comme le dit Marie-Christine Vallet, la conférencière du Musée de la Faïence et des Beaux-arts de Nevers, que nous avons rencontrée.
Mais qui dit savoir-faire n’a jamais dit mise sous cloche. Chez Atelier Particulier, nous pensons que le savoir-faire n’a d’intérêt que s’il permet de répondre à nos besoins d’aujourd’hui. Notre interlocutrice pense de même.
Elle continue :
Chez Atelier Particulier, c’est exactement ce qui nous a interpelé. On ne l’aurait pas dit avec des mots aussi choisis, mais c’est ce qui nous a séduit dans l’approche de Carole et Jean-François.
Et cette philosophie d’un savoir-faire au service d’aujourd’hui peut être monumentale. Pour preuve ? La pièce qui est récemment entrée dans les collections du Musée de la Faïence et des Beaux-arts de Nevers :
Oeuvre monumentale de 4 mètres exposée dans le Musée de la Faïence et des Beaux-arts de Nevers. Cette composition donne à voir, par sa représentation d’une structure grandiose, solide et métallique, une autre vision de l’assiette, ce petit élément fragile du quotidien.
On peut parfois regretter que la céramique, qu’elle se fasse porcelaine, faïence ou grès, soit un peu trop traditionnelle. S’il s’agit de refaire à perpétuité ce que faisaient nos aïeux, autant acheter des pièces en seconde main.
Peu le savent, mais le monde de la céramique est fortement codifié. La faïence n’y échappe pas. À Nevers, comme à Limoges, le choix de la terre et la température de cuisson sont identiques depuis plusieurs siècles. On sélectionne de l’argile, que l’on chauffe à 980°C très précisément. Point final. Cette cuisson garantit à la céramique d’être suffisamment poreuse pour ensuite absorber l’émail, les oxydes minéraux, et ainsi garantir une couleur éclatante.
Voici le résultat après 8 à 9 heures de cuisson. Et si il ne s’agissait pas seulement de suivre aveuglément les traditions ? Cette température idéale, dans les canons de la céramique depuis les siècles des siècles, est-elle adaptée aujourd’hui ?
Quand l’on considère la fragilité relative des pièces qui en sont issues, la question se pose.
Or, Faïencerie Georges avait à cœur de créer des œuvres durables. Ils ont donc travaillé de longues années à la création d’une nouvelle formule qui donne vie à une faïence plus résistante.
Ils ont trouvé leur bonheur dans une terre d’argile très pure, récoltée en Allemagne - grande nation de céramique - capable de résister à plus de 1.000°C de température de cuisson. Ils peuvent ainsi pousser les fours à 1150°C. Soit 170°C au-dessus des températures traditionnelles. Chose rare dans l'univers de la faïencerie. C’est une petite révolution dans le savoir-faire qui leur ouvre un nouveau champ des possibles. Pour le comprendre, nous allons vous expliquer comment leurs vases sont confectionnés.
Il n’y a pas de faïence sans coulage. L’argile s’écoule, lentement pour ne pas créer de bulles, dans un moule en plâtre. La fabrication d’un moule n’est pas aussi simple que ce que l’on peut imaginer. Il faut dans un premier temps créer un vase modèle. Un prototype en sommes. Ce dernier est tourné à la main dans du plâtre.
A partir de ce prototype, Faïencerie Georges créera un 1er moule qui donnera ensuite naissance à la mère de moule. C’est-à-dire le moule permettant de créer les moules dans lesquelles la terre sera coulée. En tout, Jean-François accordera 5 jours à la réalisation de ces étapes.
Cette étape, bien que simple en apparence, est, en réalité, très technique. Ici, l’œil de l’artisan est à l’œuvre. Il s’agit de créer une fine pellicule d’argile, de quelques millimètres, qui donnera la forme définitive au vase. L’artisan doit donc surveiller l’épaisseur et connaitre précisément le temps de séchage de chaque matière.
Le biscuitage, c’est le nom donné à la 1ère cuisson. Cette première cuisson durera 9h. Progressivement, le four atteindra la température de 1.100 degrés, avant de redescendre ensuite. Le vase ne bougera alors plus, il aura atteint sa forme définitive. Dans ce cas, on dira que la cuisson est ‘’dure’’ car la température est supérieure à 1 000°C.
Cette étape à pour première utilité de protéger la terre poreuse par un émail étanche.
L’argile est naturellement blanche. Pour donner une couleur à la faïence il faut donc l’émailler (la colorer). Pour cela, les faïenciers utilisent de la silice (du sable broyé), de l'oxyde d'étain comme opacifiant et d'autres oxydes métalliques.
Les oxydes minéraux les plus connus sont le cobalt (le bleu), le cuivre (qui donne le vert unique des toits de Paris) et l’antimoine (le jaune). Pourquoi ne pas utiliser des pigments végétaux comme avec le cuir nous direz-vous ? Tout simplement car aucun pigment dit « végétal » ne persiste au-delà de 200 degrés.
Pour la petite histoire, nous étions agréablement surpris de constater que l’oxyde de cobalt n’est pas bleu mais rosé (très clair). Ce n’est que sous l’effet de la chaleur, pendant la cuisson que le bleu profond et éclatant se révèlera. Surprenant, non ?
Après le bain d’émail, il faut bien se sécher. Alors, second passage au four, à 1.050°C cette fois-ci, pendant 8 à 9 heures. Cette seconde cuisson n’est pas anodine, elle consiste tout simplement à créer l’émail. Il s’agit alors de trouver la formule parfaite entre la température de cuisson, la silice et les oxydes métalliques.
Si elle est bien exécutée, cette étape donnera naissance à un émail solide, brillant et agréable au toucher, qui durera toute une vie Il n’y a pas de risque de le voir s’atténuer avec le temps : la maitrise des températures de cuisson est donc cruciale.
Pour la décoration, Faïencerie Georges utilise 2 types de techniques :
- À la main (technique traditionnelle) pour les pièces uniques, simples, qui ne nécessitent pas une grande régularité.
- Via chromographie, pour les confections plus importantes qui nécessitent une grande précision et régularité dans le tracé et lorsque l’on souhaite donner une texture supplémentaire sur la faïence.
On change à nouveau de température pur cette 3ème et dernière cuisson. Le chromo est cuit à 980°C. Si vous avez bien suivi, il s’agit de la température traditionnelle de cuisson de la terre en faïence.
En tout, la confection totale d’un seul vase prendra bout à bout 2 à 3 jours, selon la vitesse d’exécution de l’artisan. C’est un travail titanesque.
Pour découvrir leur travail : le lien vers le site Faïencerie Georges
Sur Instagram @atelierpart
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