Au détour d’une ruelle silencieuse, un rayon de soleil traverse la lucarne d’un atelier. Tel un aimant s’approchant de son pôle opposé, je me retrouve, en quelques secondes, l'œil collé contre cette fenêtre. Toujours guidé par ce rayon, mon regard se pose sur une presse métallique. Aucun doute, je suis arrivé. Nous sommes à l’Atelier R.L.D.
Sébastien Desplat, imprimeur, éditeur d’art et responsable de l’Atelier R.L.D, me fait passer de l’autre côté de la lucarne. Nous sommes dans un lieu chargé d’histoire. Fondé en 1973 par Robert et Lydie Dutrou, l’Atelier R.L.D. est dédié à l’imprimerie, sous toutes ses formes : gravure, lithographie, typographie et digigraphie.
Pour la petite histoire, Robert Dutrou était un graveur reconnu du XXe. Après avoir travaillé auprès du célèbre galeriste de l’après Seconde Guerre Mondiale Aimé Maeght, il s’était rapproché de Joan Miró, dont il était le graveur attitré, et d’autres artistes de ce temps comme Tapiès ou Chillida.
L’Atelier R.L.D. ne se limite pas à cette seule étape d’impression, aussi riche et complexe soit-elle. Éditeur d’art, spécialisé dans le livre d’artiste et l’estampe contemporaine, Sébastien Desplat et ses complices collaborent avec des talents qui lui font confiance pour faire passer leurs œuvres sous des presses métalliques de plusieurs centaines de kilos.
Souhaitant démocratiser dans les pratiques de l’édition d’art, l’Atelier R.L.D. va même plus loin dans la démarche : il y a maintenant 30 ans, Robert Dutrou fait l’acquisition d’une ferme à Parly, en Bourgogne.
Ainsi, la Métairie-Bruyère devient un lieu consacré à l’artisanat de l’image imprimée. Chaque maison y accueille une technique différente : gravure, lithographie, impression, letterpress…
Chaque été, la Métairie-Bruyère ouvre ses portes du savoir-faire au public. Aucune excuse pour ne pas en profiter et visiter ce lieu - Entreprise du Patrimoine Vivant depuis 2010 ! - si vous passez près d’Auxerre, dans l’Yonne !
Durant ses études aux Beaux-Arts de Paris, destinées initialement à accompagner son ambition de devenir auteur de bande dessinée, Sébastien Desplat fait une rencontre déterminante, celle de la gravure. Déjà passionné “d’image imprimée”, cette technique se présente comme une évidence après un stage à la Métairie-Bruyère. Soutenu par sa professeure, il se jette à l’eau – ou à l’encre...
Responsable de l’atelier de Paris, Sébastien Desplat accompagne les artistes et les clients dans leurs projets d’impression. Une relation unique, différente à chaque rencontre, dans laquelle un équilibre entre artiste et artisan s’installe. Techniques, encres ou acides, chaque choix a un impact indélébile sur le papier, toujours différent de l'œuvre initiale.
C'est une manière artistique de reproduire des images.
Sébastien Desplat apporte ce savoir-faire et cette connaissance à toutes les personnes qui poussent les portes de l’Atelier R.L.D.
Depuis ses débuts au XVe siècle grâce aux trouvailles de l’Allemand Johannes Gutenberg, l’esprit de l’imprimerie repose sur l’idée de démocratisation des œuvres, et Sébastien Desplat ne déroge pas à cette règle.
La rencontre entre l’artiste et l’artisan oblige souvent l’exploration des possibilités de la machine, des encres ou des matériaux. Sébastien Desplat me partage d’ailleurs un souvenir avec le sculpteur Jean Marais. Dans le cadre d’une exposition à Dijon, 5 gravures multi-teintes, d'1 mètre sur 2, ont été réalisées en quelques jours. Un résultat gigantesque où l’erreur n’était pas permise. En écho à cette histoire, parmi les nombreuses étapes de la gravure, Sébastien Desplat me confesse sa préférée : le Bon-à-Tirer (BAT) :
Chaque savoir-faire est face à ces défis. Aujourd’hui dépendant des presses dans son quotidien d’éditeur d’art, Sébastien Desplat explique la difficulté à accéder à du matériel ou à des mécaniciens ayant la connaissance pour les réparer.
Mais, vous l’aurez sûrement deviné, Sébastien Desplat n’est pas du genre à baisser les bras. Loin de là. Il me confesse qu’il prépare une résidence à la Villa Kujoyama. Un moment à Kyoto, hors du temps, pour découvrir de nouvelles techniques manuelles d'impression et de production de ses propres encres. Un nouveau pas vers l’autosuffisance et la maîtrise de l’artisanat traditionnel appliqué à ses processus d’éditeur d’art.
La discussion est riche, le temps file à vive allure. Notre première rencontre touche à sa fin. Pourtant Sébastien Desplat, toujours aussi passionné que passionnant, décide d’allumer sa plaque et de me montrer son processus d’impression.
Il dévoile une plaque de cuivre, gravée à l’eau-forte par l’un des artistes travaillant à l’atelier. Un procédé en taille-douce dans lequel l'artiste dessine sur une plaque qui est vernie, puis allongée dans l’acide. À l’époque, l’acide utilisé était translucide, d’où le nom d’eau-forte.
Sébastien Desplat dépose l’encre noire sur la gravure grâce à une poupée. Technique acquise grâce à son amie Lydie Dutrou, 92 ans, lui permettant de faire parfaitement pénétrer l’encre dans les creux tout en nettoyant la plaque.
La main imprégnée de blanc d’Espagne, une base de craie, il fait rouler sa paume pour enlever l’encre restante en surface.
Mitaine à la main pour éviter toute trace, il plonge le papier dans l’eau avant de le placer dans un buvoir en feutre. Le papier doit être humide, pas trempé.
Sébastien Desplat dépose la feuille sur la plaque de cuivre. La presse allumée, sa destinée est proche. Le rouleau fait se rencontrer le cuivre, l’encre et le papier.
Il faut maintenant faire sécher pendant 4 jours. Un nouveau buvoir chaque jour. Après, l’estampe sera prête à être signée par l’artiste.
Et avant de partir, comme dans tous les métiers artisanaux, le nettoyage des outils !
Sébastien Desplat en connait un rayon sur son métier, c’est le moins qu’on en puisse dire. Puisqu’il dépend de son lien avec l’Art, il révèle une facette différente de l’artisan qui agit en seul maître de son savoir-faire. Dynamique et passionné, il s’enrichit du travail d’autrui pour créer des œuvres à 4 mains, à chaque fois plus intrigantes.
C’est ce que l’on apprécie dans l’Atelier R.L.D. : de l’authenticité, mêlée à une ouverture d’esprit remarquable vers tout ce qui pourrait complimenter son artisanat. Cette humilité laisse la porte ouverte à des infinités de créations provoquant un intérêt grandissant pour les métiers de l’imprimerie traditionnelle. Remettre un tel savoir-faire au goût du jour n’était pas une tâche aisée, la preuve en est que ce pari était le bon !
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