Si l’on vous dit blanquette de veau, pot-au-feu, bœuf bourguignon ou tian de légumes, il y a de grandes chances, à l’instar de notre Serge Gainsbourg national, que l’eau vous vienne à la bouche.
En allant au-delà des saveurs et odeurs emblématiques de ces plats, souvent régionaux, c’est le souvenir qui nourrit notre appétence pour le bien-manger. Ce sont tantôt des paysages, des personnes mais aussi souvent des objets qui nous rattachent à la gastronomie, ou plutôt la cuisine dite « de ménagère ». Pourtant réceptacles du fruit du travail du chef, il n’en demeure pas moins que les céramiques de nos cuisines sont (au moins) les commis de ce dernier.
Alors à vos tabliers, puisque que la route du savoir-faire nous mène aujourd’hui à Marcigny, Bourgogne, à la découverte d’Émile Henry, Entreprise du Patrimoine Vivant (c'est quoi une EPV au juste ?). Fabricants de renom de moules à tarte, caquelons, tourtières ou autres tajines, ils s’appliquent, depuis 1850, à magnifier la gastronomie française et mondiale.
Jacques Henry naît en 1830 en Saône-et-Loire. Il se reconnaît rapidement une passion pour la poterie et, à seulement 20 ans, décide que le meilleur moyen d’apprendre un savoir-faire, c’est d’aller le voir à l’œuvre par les artisans les plus talentueux.
D’abord Vallauris, puis Limoges et Sèvres : Jacques Henry part à l’encontre des grands lieux de la céramique française. Son rêve, c’est qu’un jour Marcigny, son village bourguignon, fasse fièrement partie de la liste.
Après un an de rencontres, discussions et expériences, il souhaite enfin retourner chez lui et partager ce savoir-faire, auparavant limité aux céramistes des grandes villes. Dorénavant, les bons repas bourguignons seront faits dans les céramiques de l’atelier de Marcigny. Celui-ci grandit et, en quelques années seulement, se retrouve habité d’une vingtaine d’artisans passionnés.
Les bases sont posées : les produits Henry seront à la céramique ce que la culture bourguignonne est à la gastronomie.
Au début du XXe siècle, Paul Henry nourrit déjà la même passion que son père, Jacques. Doté du même esprit aventurier que son ancien, il part en direction de Paris et compte bien conquérir la capitale avec les céramiques de l’atelier. Très rapidement, les créations Henry envahissent les cuisines parisiennes.
La Grande Guerre s’en va diviser les familles et Émile, 3e de la lignée Henry, tente de faire revivre l’atelier à son retour de l’armée. La Maison Henry est loin de ses heures de gloire d’avant-guerre, mais subsiste, elle, et ses savoir-faire. À l’époque des Trente Glorieuses, l’objectif est rempli et l’atelier retrouve son essor d’antan à travers les générations.
En hommage à celui qui a gardé la Maison debout dans ses heures les plus sombres, l’atelier portera le nom d’Émile Henry à partir de 1982.
Avec une longévité pareille, Émile Henry peut se vanter de posséder un patrimoine de savoir-faire riche. La Maison n’a pourtant aucun problème lorsqu’il s’agit de se moderniser ses machines ou techniques. Un laboratoire de recherche naît même au sein de l’atelier, en 1983, visant à pousser le soin du détail jusqu’au bout.
Émile Henry fait partie de ces céramistes ayant amorcé les bouleversements dans les cuisines françaises. À l’image de la révolution des émaux de couleur, ou du pie dish outre-Atlantique, la Maison Henry accompagne, encore et toujours, le quotidien de ceux qui forment la culture culinaire.
Plus récemment, c’est la cloche à pain Émile Henry qui s’est vue exposée au palais de l’Élysée, lors de la Grande Exposition du Fabriqué en France, preuve du travail d’amélioration continue mené par la Maison.
Si la Maison est reconnaissante envers les innovations technologiques l’ayant déjà couronnée de succès, elle reste fidèle à la terre qui l’a vue naître : la Bourgogne. Jacques Henry a simplement créé, en 1850, un moyen pour sa région de rendre beau ce qui était déjà bon.
Depuis cette date, les choses n’ont pas changé. La céramique Émile Henry s’est, certes, diversifiée, mais seulement pour embrasser d’autres cuisines toutes aussi intéressantes et gourmandes. L’esprit originel subsiste par la transmission des savoir-faire et de la passion de la lignée Henry.
Mais au juste, quels sont ces savoir-faire ?
Comme beaucoup de fois, tout commence par une matière : l’argile. Celui-ci doit être sélectionné avec précision puisqu’il dictera les propriétés finales de la pièce. Émile Henry ne prend pas de risque, ce sera le meilleur. Au tour de l’artisan maintenant de saisir son crayon et dessiner les premiers croquis L’esprit créatif, mais également pratique, doivent se sentir au travers de la conception. Rappelons-nous que la céramique est au service de celui ou celle qui cuisine.
C’est l’heure du travail de la terre, où c’est le geste et l’expérience de l’artisan qui parlent. Entre les doigts naissent la forme finale du produit, qui subira un passage à haute température, appelé biscuit. Vient ensuite l’émaillage, qui consiste à recouvrir la céramique en la trempant dans l’émail coloré. Émile Henry peut compter sur les couleurs emblématiques qui ont fait sa réputation : le rouge brique et le classique argile pour ne citer qu’eux.
Après une dernière cuisson et du repos, l’artisan apporte les derniers détails à la pièce, une étape cruciale qu’Émile Henry priorise tout particulièrement.
Comme exprimé plus tôt dans l’article, Émile Henry a gardé l’âme qui la rend si unique. C’est un véritable atelier de passionnés à la recherche de l’excellence céramique, au service de la bonne cuisine. On trouve là une belle preuve d’humilité qui caractérise tant la famille Henry. Désormais à la tête de l’atelier depuis 2012, Jean-Baptiste se dit autant passionné par le métier que ses prédécesseurs et compte bien faire perdurer la tradition.
On notera également que l’institution que représente désormais Émile Henry n’a jamais fait le choix de délocaliser ou même changer de ville, elle est 100 % française depuis plus de 170 ans. C’est l’image d’un attachement profond pour ses artisans, ses savoir-faire et sa région; bref : la définition parfaite d’une Entreprise du Patrimoine Vivant.
Crédit photographique et pour en découvrir plus : le lien vers le site d’Émile Henry
Sur Instagram @atelierpart
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