Si la Provence sait déjà nous envoûter par ses paysages de champs de lavande et son climat méditerranéen, elle a également du savoir-faire à revendre. Elle nous avait, par ailleurs, déjà séduit au travers de sa céramique (un article à lire juste ici). C’est dans quelques-uns de ses hauts-lieux de produits de terroir qu’Atelier Particulier est parti à la découverte non pas d’un seul, mais de deux savoir-faire d’exception. Depuis sa reprise par la famille Cheylan en 1974, Château Virant excelle dans l’art viticole et s’éprend, en parallèle et depuis 25 ans, à profiter du savoir-faire de l’huile d’olive du terroir provençal.

La route du savoir-faire nous emmène aujourd’hui au cœur des Bouches-du-Rhône, à Lançon de Provence, pour une visite gourmande sous le soleil (à lire avec le bel accent chantant du Midi).

À l’instar d’autres régions du sud de la France, la Provence fut le berceau de la profusion des domaines viticoles et oléicoles au Moyen-Âge. La région était réputée pour ses terres riches, son climat hivernal doux et sa variété géologique, en plus d’une abondance d’ensoleillement. L’idéal pour le raisin et la vigne, qui s’intégrèrent ainsi parfaitement à la terre et à la culture locale, au point d’en figurer parmi ses symboles forts.

Château Virant n’est pas situé dans un emplacement quelconque au sein des quelques 30 000 km2 qui composent la région, bien au contraire. Ce lieu chargé d’histoire, centré autour d’un, rocher, le piton de Wirant, ayant donné son nom au Château Virant, demeura fréquenté, puis habité pendant plusieurs millénaires. La première cave du Château fut construite en 1632, année signant la véritable naissance du domaine viticole.

Avançons jusqu’en 1897, lorsque Edmond Théry, économiste français de renom, prend les rênes du vignoble de Château Virant. Il y fait construire une cave plus volumineuse et développe le savoir-faire de viticulture et de vinification dans le Château. Les clés de la propriété laissées à l’héritage de Théry, le vignoble et ses caves se voient lentement délaissées au milieu des années 50.

C’est à la famille Cheylan que l’on doit la renaissance de Château Virant, en reprenant la propriété en 1974. Après 13 ans d’acharnement et de rénovations fastidieuses, Robert et Noële Cheylan parviennent à reconstruire ce qui était alors tombé dans l’oubli. Château Virant à tout ce qu’il faut pour prendre son élan : oliveraies et vignoble rénovés, une cave flambant neuve. Une première vinification en 1987 et la machine est lancée…

Même si le domaine jouit de sa terre singulière et que personne ne pourrait remettre en cause la qualité des vins de Provence, ce n’est pas un secret que le marché du vin est (très) difficile à convaincre. Le chantier lancé par la famille Cheylan n’est pas un jeu d’enfant et pourtant : le vin issu de la première récolte est un succès. Ce résultat est loin d’être un heureux hasard mais bien le fruit d’un travail acharné de la vigne et d’une connaissance profonde du domaine et de ses terres. Coup d’œil maintenant sur les secrets d’une réussite qui pourrait paraître précoce.

Le château vinifie les 2/3 de sa récolte en vins rosés, notamment sous l’appellation Coteaux-de-Provence, qui impose un cahier des charges exigeant et une vraie connaissance de ses terres. La famille tient à faire intervenir l’humain et son savoir-faire tout au long du processus de viticulture. Il est impérial ici de maîtriser la totalité des facteurs pouvant influer sur la vigne : température, ensoleillement, humidité et état des sols. Quand vient la période des vendanges, c’est également à l’avis du vigneron que l’on se fiera pour décider du moment parfait de récolte, pour ainsi profiter du potentiel optimal de chaque vigne. C’est dans ces étapes que Château Virant ne déroge jamais aux valeurs qui l’ont forgé : passion et rigueur.

Si l’on s’écarte des 140 ha de vignes et que l’on descend dans les caves du domaine, on remarquera que le maître de chai sera tout aussi exigeant lorsqu’il s’agit de vinifier le raisin. La recette pour réussir cette étape clé ? C’est d’allier une multitude de tests et une (très) bonne dose d’expérience. Travailler son millésime ne relève pas du hasard, et si Château Virant sait proposer, chaque année, des vins de qualité, c’est qu’elle en sait quelque chose.

Comme vous avez lu plus tôt dans l’article, Robert et Noële Cheylan sont les bâtisseurs du renouveau de Château Virant. Le vin coule dans leurs veines et dans ceux de leurs enfants, mais ce sont également des producteurs d’huile d’olive depuis 5 générations. Ce savoir-faire familial est artisanal et la famille compte bien préserver cette expertise. Le domaine comprend déjà 12 ha d’oliviers et Christine, fille du couple Cheylan, s’affaire, dès 1996, à la création d’un moulin à huile au sein de la propriété.

À la recherche continue de qualité et de renouveau, la famille Cheylan laisse toujours une place primordiale à l’apport humain, malgré la modernisation de son extraction. Par sa qualité, l’huile d’olive Château Virant rencontre rapidement du succès, et ce, tant au niveau des consommateurs et chefs cuisiniers, qu’à celui des producteurs d’olive locaux, qui souhaitent désormais utiliser le moulin familial. Un deuxième voit le jour en 2014 et confirme l’entrain autour de l’huile d’olive Château Virant. Leur variété AOP d’Aix-en-Provence, largement reconnue pour sa palette d’arômes unique, reste d’ailleurs l’huile d’olive la plus médaillée de France dans les concours oléicoles.

Produit emblématique du terroir provençal, l’huile d’olive nécessite un soin qui peut parfois s’apparenter à l’élaboration du vin. Coup de chance : les deux savoir-faire n’ont aucun secret pour la famille Cheylan. Comme pour la vigne, le travail débute au printemps et à l’entretien des bourgeons et des feuilles pour correctement laisser apparaître, puis grandir les fruits de l’olivier. Château Virant veille au respect et à un entretien impeccable de la terre pour lui donner l’opportunité de s’exprimer. Les mouliniers et oléologues s’affairent ensuite à un travail précis et adapté pour chaque variété d’olive, avant de procéder à l’assemblage final et délivrer toute la palette aromatique des huiles d’olive de Provence.

Le Cade, Beaumetane, la Crau, la Mine : Château Virant a nommé les parcelles de ses vignes par des noms provençaux.

Ce choix, pouvant paraître anodin, nous semble révéler quelque chose de plus profond. Ce quelque chose, c’est un attachement profond au terroir. En faisant revivre un domaine viticole oublié, en revalorisant la production et transformation d’olives locales, Château Virant a rendu hommage à ce qui définit la qualité de leurs produits, le territoire et le savoir-faire.

Premier moulin à huile classé Entreprise du Patrimoine Vivant (qu’est-ce
qu’une EPV ?), Château Virant et sa dualité de savoir-faire nous laissent un message plein de sens : la main humaine et l’expérience sont les clés pour laisser à la terre le soin de dégager tout son potentiel. Que ce soit dans ses vins ou son huile d’olive, Château Virant peut se vanter de produire de la grande qualité, en plaçant l’humain au cœur de sa démarche. Pour faire simple : La terre sait rendre à ceux qui lui font honneur.

Crédit photo, et pour en savoir un peu plus : le site de Château Virant