Cette phrase pourrait être perçue comme arrogante si elle n’était pas prononcée par Ghislaine Tortereau. Son studio Peruke imagine puis compose des perruques et postiches haut de gamme. Des créations sur-mesure rythmant les performances des plus grands acteurs et actrices de cinéma et de spectacle vivant.
Fille de parents coiffeurs, Ghislaine Tortereau s’engage naturellement sur cette voie. Le cinéma et le théâtre deviennent rapidement des rendez-vous importants au sein de son activité. Sollicitée sur de nombreux films d’époque, elle se spécialise dans la confection de perruques et crée son premier atelier.
Depuis cet instant, Ghislaine Tortereau donne vie aux idées des metteurs en scène, accompagnant le récit et le jeu des acteurs. Si l’atelier compte aujourd’hui 5 personnes, cette taille est soumise au carnet de commandes. Selon l’importance des productions, celle-ci peut doubler et s’articuler de jour comme de nuit.
Ghislaine Tortereau me présente Enora avec fierté. Actuellement en BAC Pro Perruquier, elle effectue son stage à Peruke. La présence d’Enora représente ce désir de transmission de l’exigence du savoir-faire. Ghislaine Tortereau le répète : “ce métier prend du temps, mais c’est le temps de la main”. Cette mission qu’elle s’impose, c’est celle de partager ses gestes et ses raisonnements afin qu’Enora et tous les autres puissent, un jour, prendre le relais.
Des nattes de 3 semaines, dont les nœuds s’étirent, nourrissent le récit. Elles informent le spectateur, donnent du relief à l’intrigue. En complément du maquillage, des costumes et des effets spéciaux, les perruques composent l’équation du personnage. Ghislaine Tortereau me partage d’ailleurs l’une de ses étapes favorites, celle des premières minutes.
Le travail minutieux de Ghislaine Tortereau n’est pas qu’à destination du spectateur. Peruke offre un outil à l’acteur ou l’actrice pour rencontrer son personnage, puis l’incarner. La forme, la couleur et l’aspect sont des pinceaux pour dessiner des profils timides, anxieux ou au contraire confiants, voire prétentieux.
Experte et passionnée, Ghislaine Tortereau m’invite à découvrir son processus créatif. Avec le metteur en scène, le scénario va être discuté pour trouver les adjectifs justes, ceux qui guideront la création des perruques. L’histoire racontée doit s’unir entre les deux visions. L’esthétique, mais aussi l’état d’esprit du personnage, sont essentiels pour trouver cet accord.
Une construction qui se fige ensuite à travers des croquis ou des maquettes numériques selon les préférences des metteurs en scène. Cette étape, Ghislaine Tortereau apprécie la réaliser en binôme avec un illustrateur pour explorer l’ensemble du potentiel de son imaginaire. Une fois la direction validée, la fabrication s’engage !
Après une mesure minutieuse de la tête de l'acteur, les repères sont parfaitement tracés à la craie sur une tête de travail. Couverte d’une couleur vert mat (cette tête a le bénéfice de ne pas fatiguer l'œil). Une fois la base réalisée, souvent en dentelle, le nouage débute.
À l’aide de l’aiguille de ventilation, chaque mèche de cheveux est ensuite fixée à même la dentelle. Des ressorts en acier sont souvent cousus au niveau des tempes, du front et de la nuque pour donner un volume naturel aux cheveux. Coiffée, la perruque est prête, après des heures passées à la table de fabrication.
La perruque connaît ses premières heures de gloire dans les années 1620. Elle est portée par Louis XIII, Louis XIV et quelques complices souhaitant dissimuler leur manque de cheveux à une époque où la mode était aux cheveux longs. La perruque devient reine.
Traversant les siècles, les techniques et les matières se multiplient. Ghislaine Tortereau apprécie cet enrichissement du savoir-faire au fil de temps. Il offre des possibilités de créations infinies, tant sur le processus que le résultat.
Peruke sélectionne et travaille la couleur, l’épaisseur et la dureté des cheveux avec soin. Une opération nécessaire pour respecter la vision du metteur en scène, notamment pour les films de science-fiction.
Souvent réservées au cinéma, les créations sur-mesure de Ghislaine Tortereau prennent parfois vie dans un environnement hostile : les plateaux de tournage. L’intensité et la chaleur de la lumière ont un impact sur les couleurs des perruques. Sur les tons blonds et roux, elle apporte plus de relief : une légère exagération sur les contrastes de couleur. Sans cette astuce, la caméra ne capte qu’une sphère blanche uniforme.
Plus performantes chaque année, les caméras accentuent le niveau d'exigence. Les créations de Peruke sont analysées à travers des millions de pixels. Loin de douter, Ghislaine Tortereau voit ces évolutions comme une opportunité d’explorer les possibles d’un savoir-faire de l’illusion. À ce sujet, elle nous partage d’ailleurs une anecdote personnelle du tournage de “Valérian” de Luc Besson.
“Un brief qui ne fait plus dormir” me confesse Ghislaine Tortereau. Respecter la vision futuriste du film, avoir la connaissance des contraintes de la caméra et anticiper la situation de l’actrice sont des conditions importantes pour réussir. Elle pourrais partager la solution retenue, mais préfère nous laisser faire notre propre réflexion !
Au fil des siècles, le métier de perruquier a subi de nombreux bouleversements, sans jamais connaître la disparition. Ce geste demeure rare, mais se révèle indispensable dans de nombreuses situations, comme en témoigne le succès de l’atelier Peruke. Que la perruque coiffe un monarque, un dégarni désavoué, un comédien ou un acteur, le souci du détail restera la priorité de l’artisan. S’il n’est pas là, l’illusion n’est plus.
Même s’il traverse les âges et les castes, le métier se doit de perdurer et ça, Ghislaine Tortereau le sait. Sans une relève bien formée, ce sont des siècles de connaissances qui partent en fumée. Inadmissible, non ? À la pointe de son art, ce que réalise Ghislaine Tortereau pour son métier, ses clients et les simples amateurs de travail manuel d’excellence est un reflet de sa détermination. Un état d’esprit, loin d’être échevelé, que l’on ne peut qu’admirer chez Atelier Particulier et qui donne de l’espoir à ces métiers rares.
Pour découvrir le travail de Ghislaine et son équipe de l’atelier Peruke : leur site.
Sur Instagram @atelierpart
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