Nous sommes à deux pas de Montbéliard, aux abords du riche bassin textile du Haut-Rhin (on vous a déjà parlé d’Emanuel Lang ?). C’est ici que Cédric Plumey, ancien étudiant en commerce, a changé de voie pour y installer Manufacture Métis.
Si l’atelier est encore tout jeune (fondé en 2016), il a l’allure d’un vieux musée, tant il n’est composé que de véritables reliques. On y voit d’anciennes Picanol, des métiers à navette traditionnels français des années 60, des ourdissoirs et ratières d’avant-guerre et même des bobines couvertes d’anciens cotons égyptiens. Décidément, Cédric Plumey semble avoir un goût prononcé pour le vintage.
Du fil au tissu, toutes les étapes de confection sont réalisées au sein de l’atelier. Cédric fait le pari de la qualité lors de la sélection des fibres avec lesquelles il va travailler : toujours naturelles et en provenance de filatures européennes.
Comme son nom l’indique, Manufacture Métis base son savoir-faire sur le tissage métis. Le principe est simple : associer différentes fibres pour plusieurs intentions, comme la durabilité, la légèreté, la respirabilité, le toucher, ou simplement pour créer des effets visuels intéressants, grâce aux jeu de textures. Ce n’est pas tâche aisée, puisque chaque fibre a ses caractéristiques propres. Par ailleurs, ces assemblages ne se limitent pas au traditionnel métis coton et lin, mais également au chanvre, à la soie ou à la laine.
Nous avions déjà fait appel à Cédric pour la confection du tissu coton & lin de nos espadrilles et casquettes. C’était l’occasion parfaite pour échanger avec lui sur son parcours, son métier et ses perspectives. On vous partage aujourd’hui quelques bribes de notre conversation privilégiée, avec l’un des acteurs du renouveau de la manufacture textile française.
Atelier Particulier : Formalisme oblige, peux-tu te présenter brièvement ?
Cédric Plumey : Je m’appelle Cédric Plumey, j’ai 30 ans. J’ai créé Manufacture Métis en 2016 à la suite d’une formation en école de commerce dont le contenu et les débouchés ne m’ont pas convaincu.
AP : D’où vient cet intérêt pour les vieux métiers à tisser ?
CP : J’ai toujours été intéressé par les vêtements et les matières qui les composent, leur texture et leurs propriétés. Par extension, je me suis intéressé à la filière textile et surtout à la théorie/technique de tissage. Ca m’a tout de suite passionné et j’ai voulu mettre en place un projet qui mêlait réflexion et exécution technique / savoir-faire, donc pourquoi pas tenter de lancer un atelier de tissage ? J’ai eu cette idée vers fin 2014.
AP : Comment tu t’es senti lorsque tu as lancé ta première production ?
CP : Assez dépité. Le réglage du métier à tisser était catastrophique et le tissu plein de défauts. Lorsqu’on se forme en autodidacte, il est très difficile d’avoir des repères de réglages pour démarrer un tissu, car nous n’avons aucune expérience. Il faut beaucoup de persévérance pour acquérir cette expérience sans se décourager.
J’ai lancé pour la première fois un métier à tisser en septembre 2016 et je n’ai pas obtenu un tissu correct avant mi-octobre 2016. C’était une bonne satisfaction mais je savais que le chemin était encore long.
AP : Un mot sur la toile métisse coton bio / lin français de nos espadrilles et casquettes ?
CP : C’est un des tissus que je fabrique le plus souvent. Il s’agit à la base d’une matière pour le linge de maison et plus précisément pour le nappage. Dans l’Est de la France, le tissu traditionnel est un tissu à carreaux (le Kelsch). Il était traditionnellement tissé en pur lin ou pur chanvre, mais je le tisse dans un mélange de coton bio et lin français semi-mouillé. C’est pour qu’il soit plus agréable au toucher, tout en conservant son aspect rustique ! C’est un tissu versatile qu’il est également possible de tisser en uni pour l’habillement.
AP : C’est quoi la prochaine étape pour Manufacture Métis ?
CP : Je n’ai rien d’un businessman, l’essentiel pour moi en créant cet atelier était de faire ce qui me plaît. À ce stade, la situation me convient bien. La seule piste d’évolution que j’envisage doit me permettre de m’épanouir encore plus mais à mon sens ne doit pas spécialement être pensée de sorte à extraire plus de profits.
J’aimerais avoir la possibilité de créer plus souvent des nouveaux tissus et de mener à bien plus de développements matières. Je pense que la méthode pour atteindre cet objectif est de créer un site de vente en ligne s’adressant plus à des clients cherchant des petites et moyennes quantités. En quelque sorte : un paradis pour les petites marques, les designers et pourquoi pas les particuliers !
Comme nous le démontre Cédric Plumey, le savoir-faire n’a pas nécessairement besoin d’un passé lourd ou d’une tradition familiale pour exister. La détermination, le souci du détail et la réflexion dont il fait preuve sont les clés de son savoir-faire bien à lui. On ne peut qu’espérer le mieux pour Cédric et Manufacture Métis, à qui l’on n’hésitera pas de confier le tissu métis d’une prochaine pièce !
CP : Lionel Vadam
Sur Instagram @atelierpart
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