Les petites routes de France regorgent de surprises. Entre Saint-Etienne et Lyon, dans la ville de Les Villettes, se trouve un atelier tisserand peu commun. Un résistant. Cet atelier fondé en 1940 est l’un des derniers tisseurs de la région Auvergne-Rhône-Alpes. Terre industrielle historique française, la région a petit à petit perdu de sa splendeur. Aujourd’hui, les ateliers de tissage se comptent sur les doigts d’une main.
Nous avons rencontré l’un d’entre eux.
Là-bas, Marc transmet le savoir-faire hérité de son père à sa fille Chloé. Prête à reprendre les reines et à redonner une impulsion au savoir-faire originel de son atelier, Chloé souhaite le redynamiser et le rendre plus créatif.
Nous avons été conquis par son énergie rare.
Sous l’impulsion de Chloé et sur les conseils judicieux de Marc, nous avons créé une écharpe pleine de peps et de singularité.
Cette écharpe, nous sommes fiers de vous la présenter aujourd’hui : l’Écharpe Point de Riz - Laine, Cachemire et Soie !
Tout commence en 1940
Comme souvent, pour comprendre l’origine d’un savoir-faire, il faut remonter dans le temps.
En 1940, plus précisément.
Cette histoire, c’est Chloé qui nous l’a racontée. Dirigeante actuelle de notre atelier, elle a à cœur de nous partager les aventures de sa famille.
À cette époque, Jean-Marie - un jeune auvergnat - fait ses premiers pas d’artisan tisseur.
À Lyon d’abord, il profite du dynamisme de la région et de ses multiples savoir-faire pour développer sa technique et son doigté. Il faut dire qu’entre la soie à Lyon, le ruban à Saint Etienne, la dentelle à Retournac et au Puy-En-Velay ou encore le « drap de Bonneval » (souvenez-vous, chez Arpin) à Séez, tout est à sa disposition pour imaginer et créer des produits de grande qualité.
Une fois les différentes techniques assimilées, Jean-Marie achète 2 premiers métiers à tisser. Des métiers « Rachel » (retenez bien ce nom car nous en reparlerons plus bas) avec lesquels il lance son activité.
Mais à Lyon la concurrence est intense.
Alors, comme d’autres jeunes entrepreneurs de l’époque, il s’éloigne un peu et retourne dans sa ville d’origine, Les Villettes, pour ouvrir son atelier. La boucle est bouclée.
Son atelier est découpé en 2 :
- Une partie « maison », où il peut accueillir et élever sa famille,
- Et une partie « atelier » (qui abrite ses métiers à tisser Rachel).
Ses premières réalisations sont axées sur la fabrication de porte-jarretelles et de gaines, avant de suivre un courant textile qui l’amène à la réalisation d’étoffes en maille.
Un nouveau savoir-faire labellisé « EPV » dans l’aventure !
81 ans plus tard, ce dernier est toujours debout.
Toujours dans un esprit familial, puisque son fils Marc a repris l’atelier en 1972. Diplômé de l’École de Textile Diderot à Lyon, Marc a mis à profit son savoir-faire technique pour intensifier la spécialisation de l’atelier dans le travail de la maille.
A contre-courant du secteur - qui a eu tendance à s’exporter pour réduire les coûts ces 30 dernières années - Marc priorise une confection française. Comme son père.
Nous ne sommes pas chauvins et pourtant il faut bien le reconnaitre : l’expertise française en matière de tissage est exceptionnelle. Il faut la valoriser et la préserver.
C’est en gardant ce cap que Marc et ses équipes ont traversé le temps (et ses époques bonnes comme mauvaises). Cap aujourd’hui récompensé par une confection 100% Origine France Garantie et l’obtention du prestigieux label EPV.
Un de plus dans l’aventure d’Atelier Particulier !
Le label EPV pour les nuls
En France, de grandes maisons telles que Hermès ou Chaumet contribuent au rayonnement économique de la France à l’international. Mais toutes les entreprises n’ont pas la chance de bénéficier d’une telle renommée. C’est la raison pour laquelle le ministère de l’Économie et des Finances a créé en 2005 un label officiel nommé « Entreprise du Patrimoine Vivant » (EPV).
Comme son nom l’indique, il est centré autour de trois valeurs fortes :
• L’Entreprise, d’abord. Le label a en effet une vocation économique : celle d’être une aide à la croissance pour les entreprises qu’il soutient.
• Le Patrimoine, ensuite. C’est là le cœur du label. Pouvoir se revendiquer Entreprise du Patrimoine Vivant, c’est avant tout être détenteur d’un savoir-faire exemplaire et exceptionnel.
• Vivant, enfin, car l’artisanat est toujours à la croisée de l’héritage et de la modernité. Pour perdurer, il doit être tourné vers l’avenir et s’ouvrir aux innovations.
Très sélectif, ce label compte moins de 1.500 membres après 15 ans d’existence. Au total, le label EPV fait vivre un réseau de plus de 65.000 emplois en France. Seuls les meilleurs peuvent l’obtenir, mais son rayonnement est pourtant très large.
Un label d’exception donc, que nous soutenons au quotidien en travaillant main dans la main avec plusieurs ateliers labellisés EPV. Nous en sommes très fiers J
Le tricotage « point de riz » : l’excellence des tisserands auvergnats
Oscillant entre tradition et modernité, l’atelier s’est spécialisé dans la confection de bonnets et écharpes.
D’ailleurs, l’atelier fait toujours tourner les métiers à tisser Rachel de Jean-Marie. Pour l’anecdote, ces métiers se démarrent manuellement. Et ce n’est pas une mince affaire.
La minute savoir-faire : qu’est-ce qu’un métier à tisser Rachel ?
Inventé en Allemagne au XXème siècle par Karl Meyer, le métier à tisser Rachel permet de réaliser simultanément l’opération de tricotage et de tissage. Métier à tisser dit rectiligne, cette méthode, est plus longue et moins sûre qu’un métier à tisser moderne. Il faut 6 à 8 heures aux métiers les plus rapides pour faire 100 mètres de tissu.
Elle confère en revanche à la matière plus de souplesse et de tenue que les métiers à tisser plus modernes.
En l’occurrence, notre collection d’écharpes Point de Riz est confectionnée sur ces métiers à tisser.
C’est grâce à ce savoir-faire que nous donnons naissance à ce point de riz si spécifique.
Très texturé, le maillage point de riz a une main reconnaissable entre 1.000. Tout en relief, avec une grande légèreté, nous l’aimons parce qu’il ne réduit en rien la douceur de la laine.
Bien au contraire, ce maillage rend l’écharpe extrêmement moelleuse.
Une écharpe pas comme les autres
Depuis 1972, Marc n’est pas seul à faire tourner l’atelier familial. Chloé, sa fille, qui a grandi auprès des artisans, s’est pris de passion pour la mode, les belles matières et le savoir-faire. Après des études de Design de Mode et de nombreux voyages, elle rejoint son père aux commandes.
Elle souhaite apporter du sang neuf pour redynamiser la vie de l’atelier.
Son objectif ? Capitaliser sur le savoir-faire historique (des artisans et des métiers à tisser) puis aller chercher de nouvelles matières. Plus originales, précieuses ou techniques.
Ici, c’est Chloé qui nous a fait découvrir le fil avec lequel nous avons confectionné notre écharpe. Elle l’a déniché en Italie, à quelques kilomètres de Rome.
Il se compose de :
- 50% de laine mérinos (origine : Australie)
- 35% de cachemire (origine : Mongolie Intérieure)
- 15% de soie (origine : Chine)
En toute transparence, ce fil est confectionné par un filateur que nous ne connaissions pas : Filati Power.
Ce petit atelier de 10 personnes a pourtant de belles références en Italie, notamment auprès des grandes Maisons.
Comme toujours, les routes du savoir-faire sont pleines de surprises ;-)
En creusant, on apprend que Filati Power possède un savoir-faire peu commun qui concerne deux typologies de personnes auxquelles nous sommes peu habitués chez AP : les bébés et les enfants.
Via son programme « Yarns for the Young », Filati Power ne sélectionne que des laines qui donneront naissances à des fils extrêmement doux et adaptés aux peaux les plus sensibles.
Et l’un de ses fils est donc notre blend laine, cachemire et soie.
Douceur, chaleur et durabilité
Si le point de tricot apporte texture et originalité à notre écharpe, notre fil italien lui sera en charge d’amener douceur, chaleur et durabilité.
On vous explique.
La Laine Mérinos.
Ici, elle joue un rôle de régulant thermique. Elle apporte une chaleur nécessaire pour affronter l’hiver hexagonal (entre 0 et 15°) tout en conservant une belle capacité à réguler la chaleur.
Vous connaissez certainement le discours, mais la laine mérinos vous préserve des coups de chaleur. Une technicité indispensable pour les bébés et enfants en bas âge, qui n’ont pas la capacité de réguler la chaleur aussi facilement qu’un adulte. Pourquoi n’en profiteriez-vous pas ?
Le Cachemire.
Le Cachemire quant à lui a été choisi pour sa rareté et sa douceur. Filati Power ajoute du cachemire dans tous ses mélanges. Très douce, la laine de cachemire permet d’être portée au contact de la peau par toutes les peaux, même les plus sensibles. Encore une fois, si c’est bon pour une peau de bébé, vous devriez apprécier également.
La soie.
Pour finir, les 15% de soie ont pour but d’équilibrer tout cela. Le cachemire ayant tendance à naturellement boulocher, Filati Power ajoute de la soie pour stabiliser la matière et réduire le rendu du cachemire.
Une propriété importante qui réduit les risques d’accrochage et garantit une meilleure durée de vie de l’écharpe.
Indépendamment chaque matière est qualitative. Mais ensemble, grâce à ce beau savoir-faire italien, elles expriment tout leur potentiel pour donner vie à une matière encore plus agréable à voir, toucher et ressentir.
Comment porter nos écharpes ?
Niveau style, vous avez de la chance, cette écharpe est très simple à porter. On a sélectionné 4 coloris naturels qui se fondent dans nos tenues.
Toutes faciles à apprivoiser, on vous conseille de choisir une écharpe qui tranche avec votre manteau. Pour le reste, laissez la laine et la texture faire le travail. C’est simple, mais efficace.
On avait hâte de vous emmener visiter ce nouvel atelier d’exception. Donc on espère que cette nouvelle pièce vous plaira.
Si vous avez une question, n’hésitez pas à nous contacter par mail ([email protected]) ou sur les réseaux sociaux.
À très vite,
Fulbert, Benjamin et l’équipe AP