Lorsque l’on s’est mis en tête de proposer des parapluies made in France, il nous a bien fallu nous rendre à l’évidence : si la France est historiquement une place-forte dans la production de parapluies, il ne reste aujourd’hui que 4 ou 5 ateliers dans l’hexagone.
Piganiol, dont la tradition remonte à 1884, est de ceux-là.
Aurillac, bastion du parapluie made in France depuis le Moyen-Âge
Nos recherches nous ont rapidement mené à un nom en particulier : celui de Piganiol. Une entreprise plus-que-centenaire, encore familiale, basée à… Aurillac !
Petit cours de géographie : Aurillac est une ville modeste de 25.000 habitants, située à 2 bonnes heures au Sud de Clermont-Ferrand. Nous sommes dans le Cantal, au cœur du Massif Central. Il n’y a ni autoroute, ni gare TGV.
Plus que jamais, les chemins du savoir-faire prennent des voies détournées !
C’est donc à Aurillac que la tradition du parapluie made in France s’est développée dès le Moyen-Âge.
Pourquoi donc ?
Car on y trouvait tous les éléments nécessaires à sa fabrication :
- Le cuivre (qui entre dans la fabrication des pièces métalliques du parapluie : noix, coulants, aiguillettes) : il était rapporté d’Espagne par des pèlerins de retour de Saint-Jacques de Compostelle, qui l’échangeaient contre des pépites d’or (de la rivière Jordanne, qui traverse Aurillac).
- Le bois (le mât et la poignée du parapluie) : les forêts du Cantal en sont riches.
- La toile de coton : également rapportée par les paysans depuis l’Espagne.
Ajoutez à cela une météo fraîche et vous obtenez les conditions idéales pour la fabrication de parapluies :-)
Une histoire de famille
La création de l’entreprise Piganiol – même si elle ne porte pas encore ce nom – remonte à 1884.
En 1928, René Piganiol est le 1er « Piganiol » à intégrer la société, qui s’intitule alors Delort et Terrisse.
A l’époque, la transmission d’entreprise se fait encore largement par alliance et mariage. C’est donc naturellement que René Piganiol succède en 1932 à son beau-père jean Delort. C’est le début de la Maison Piganiol !
Henri Piganiol prend la suite en 1953. La production de parapluies à Aurillac entame un long déclin (lié notamment à la concurrence étrangère). Il faut se réinventer. C’est ce que fait Henri Piganiol en industrialisant une partie de sa production, afin de proposer des pièces plus « utilitaires », adaptées aux nouveaux usages.
1987, c’est Jean (et son épouse Martine) Piganiol qui prennent le flambeau. Toujours dans une optique de faire face à la concurrence étrangère, ils mettent l’accent sur la qualité (Piganiol produit notamment pour plusieurs grandes marques de Luxe), sur l’export et sur la dimension « mode » (avec 2 collections par an).
Leur fils Matthieu Piganiol s’emploie, depuis 2003, à suivre cette même logique. Il représente la 5ème génération !
Un savoir-faire bien gardé
Aujourd’hui, Piganiol emploie une trentaine de salariés.
Comme souvent dans les entreprises du savoir-faire, le succès de la Maison tient en deux principaux éléments :
- La transmission des gestes. Tout est dans la précision des gestes et depuis 1884, le savoir-faire de Piganiol s’est transmis de génération en génération de manière ininterrompue. Par exemple, Piganiol forme des « carcassiers », des artisans spécialisés dans le montage de la « carcasse » du parapluie (qui comprend le mât, les parties métalliques, les baleines, etc.).
- La qualité des matériaux. De longue date, Piganiol a su s’entourer des meilleurs ateliers pour la fourniture des pièces détachées (des entreprises au savoir-faire parfois aussi ancien que le sien) : Déjou-Féniès (qui fabrique des pognées courbées à la vapeur), Les Ateliers Mécaniques de Carbonat (fabrication de noix et coulants pour parapluies), Combelles (poignées), Bar (tournage du bois), etc.
3 produits, pour 3 usages
Pour illustrer le savoir-faire de Piganiol, nous avons sélectionné trois produits différents de leur gamme.
1 - L’Aurillac – entre tradition et modernité
La construction reprend en effet certains éléments traditionnels comme l’utilisation du bois de châtaigner (pour le mât et la poignée courbée) et une toile enduite en coton épais (déperlante à l’extérieur et imperméable à l’intérieur). Des éléments que l’on retrouve par exemple sur le « parapluie de berger » (LE parapluie le plus traditionnel de la Maison Piganiol, qui équipait les bergers).
Mais le tout dans un format adapté aux modes de vie plus urbains d’aujourd’hui (= envergure de 100 cm).
Les baleines, la noix, les aiguillettes et le coulant (la partie coulante, quand on ferme et ouvre le parapluie) sont en métal. Le coulant est surmonté d’une « rosette » (une pièce de tissu cousue à la main), qui améliore l’usage et le confort.
La « tape à terre » (pointe du parapluie) est en métal. Si vous utilisez votre parapluie comme d’une canne, il s’usera moins vite !
Enfin, une bride en tissu avec un bouton de pression vous permettra de bien former votre parapluie entre 2 averses. Beaucoup plus qualitatif que les velcros des parapluies d’aujourd’hui.
2 - Le Pliant – pour les nomades ou les urbains
C’est le parapluie urbain et de mobilité par excellence.
Il est aussi large que l’Aurillac (100 cm) mais fermé, il est en beaucoup plus compact (41 cm).
Sa poignée courbée est en bois (= un savoir-faire de plus en plus rare !), sa structure est métallique, et il dispose de 10 baleines au lieu de 8 pour plus de solidité par vent fort.
Enfin, sa toile (made in Italie) est ici en polyester. Par rapport au coton, le polyester a l’avantage de sécher très vite.
3 - Le Henri – pour les puristes ou les cyclistes
Le Henri, c’est est un peu le fleuron de la gamme Piganiol. Et sûrement un des plus beaux parapluies qui soit.
Il rend hommage à Henri Piganiol, le grand père de Matthieu Piganiol.
Il est un peu plus large que l’Aurillac (115 cm au lieu de 100). Il sera donc plus adapté à couvrir 2 personnes.
Mais surtout, il a 2 spécificités :
- Un mât et une poignée intégrés dans une même pièce de bois (d’érable) ! Cela n’a l’air de rien mais ce « montage à l’anglaise » est un savoir-faire très très rare. A tel point que la Maison Piganiol n’a pu trouver qu’un seul fournisseur (en Allemagne), qui distille ses pièces au compte-gouttes. Y avoir accès est réellement un privilège (NB : attention, il existe sur le marché des parapluies moins chers avec un « montage à l’anglaise », mais truqué : le mât et la poignée sont en faites 2 pièces de bois collées de façons quasi-invisibles).
- Un fourreau de transport doublé et muni d’une bandoulière. Détail aussi chic que pratique ! On pense notamment aux adeptes de vélos par exemple ;-)