Edward Zerilli - Pattes de Tigre - Duo de chandeliers

Arrivé à Paris par le jeu de l’amour et du hasard, Edward Zerilli avait peut-être besoin des Lumières de la ville pour trouver son chemin.

Milanais de naissance et de cœur, Edward Zerilli s’est longtemps cherché une voie comme un but. Par trois fois, encore en Italie, il a changé de cursus universitaire. A la recherche de lui-même, il n’est pas étonnant qu’il ait commencé par fouiller dans les profondeurs de l’humanité en tentant des études d’archéologie. Avant de se chercher à nouveau dans l’impression alternative et dans la peinture.

Alors, une fois arrivé à Paris, Edward Zerilli a poursuivi sa quête de lui. En recherche d’un stage, il se retrouve dans un atelier de céramique à Aubervilliers. Mais pas n’importe lequel. Il devient assistant du céramiste belge Basile Boon.

Edward Zerilli a toujours rêvé de construire sa propre maison. Celle qu’il garde en ses rêves, et qu’il construirait des fondations à la dernière tuile. C’est cette envie de bâtir en dur qui va lui faire saisir la céramique. Source : Galerie C14 Paris

Depuis son enfance, pas si lointaine et déjà loin, Edward Zerilli est attiré par ce qu’il conviendrait d’appeler « l’abécédaire des décors chinois ». Ces formes tortueuses tout aussi figuratives qu’exacerbées qui font les personnages des décors chinois au fil des dynasties.

Cette idéalisation des personnages, Edward Zerilli en garde un souvenir ancré profondément en lui. De tous ceux qui lui viennent dans son imagerie personnelle, le tigre est le plus présent. Il faut dire que ses représentations passées, dans la mythologie chinoise, sont tout ce que le tigre est : une créature effrayante, à laquelle aucun homme, tête à tête, ne résisterait. 

Encore jeune, et plutôt que de l’acheter, il fait de cette envie d’un tigre de terre le moteur de sa pratique céramiste. À la recherche d’un point d’ancrage pour remplir son premier four, il replonge donc dans cette obsession d’enfance : l’imaginaire tigré.

Et c’est alors, par un nouvel hasard, que toutes les hésitations de vie passées d’Edward Zerilli trouvent alors une forme de finalité. Il a trouvé son obsession d’artiste. Depuis, il pétrit la terre. Il façonne des corps, des dents, des griffes. ou des pattes qui bondissent dans l’air dans un mouvement de virevolte.

Il mêle les coloris. En testant les émaux, il est surpris à chaque fois qu’il ouvre le four. Quelle couleur apparaitra, qu’il n’avait pas anticipé ? Dans ce dialogue entre la terre et l’émail, Edward Zerilli est d’abord un acteur. Il travaille, donne les formes qu’il souhaite. Puis il confie ce fruit d’heures et d’heures passées à modeler et à émailler aux soins du feu.

Ce feu se saisit de son travail. Alors, Edward Zerilli doit trouver en lui les ressources de la patience. Il n’est plus à la manœuvre : il a confié son œuvre aux éléments. C’est le feu qui finit le travail. Et qui a le dernier mot.